Promise fin 2010 à la fermeture, l'usine FagorBrandt de Lyon, bien connue pour sa fabrication d'appareils électroménagers, doit sa survie à un industriel isérois et à son projet de petit véhicule utilitaire électrique ou hybride. Le site, après un an de négociations avec FagorBrandt (appartenant au fabricant espagnol d'électroménager Fagor Electrodomesticos), a été repris par Pierre Millet et porte depuis le nom de Société d'innovation et de technologie de Lyon (SITL). Il sera inauguré mercredi par le préfet de région, Jean-François Carenco, et le maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb.
Les préséries du petit utilitaire électrique, baptisé le "Citélec", sont sorties en juin. Mercredi, cinq déclinaisons seront présentées, dont le fourgon, le fourgon-benne et le véhicule destiné à l'hybride, encore à l'étude, mais qui doit sortir fin octobre, selon Pierre Millet. La fabrication de machines à laver ne va pas s'arrêter pour autant. Au terme d'un accord avec FagorBrandt, la SITL, qui a repris la quasi-totalité des salariés, va sous-traiter leur fabrication jusqu'en 2015. L'électroménager continue aujourd'hui d'employer la grande majorité des quelque 450 employés. Mais à l'horizon 2015, place sera faite à la production des utilitaires, sous la marque Brandt Motors, mais aussi à un autre marché dans le secteur du "clean tech" auquel s'attaque la SITL, celui des filtres de traitement de l'eau.
Devant l'usine, à deux pas du stade de Gerland, est garé le Citélec, bleu électrique, dont le prototype a été présenté l'an dernier au Salon des maires. Au départ, rappelle le directeur commercial de l'entreprise Christophe Troubat, le véhicule était en effet destiné aux collectivités locales. Mais il a trouvé un nouveau marché après le Grenelle de l'environnement (2010) et le lancement d'expérimentations de "zones d'actions prioritaires pour l'air" (Zapa), dont l'objectif est la diminution de la pollution atmosphérique. Huit villes françaises, dont Paris, Lyon ou Bordeaux, s'étaient engagées dans cette expérimentation destinée à bannir du centre-ville les véhicules les plus polluants (lire notre article).
Le Citélec, d'une autonomie annoncée de 85 km à 80 km/h (en charge), trouvait ainsi un nouveau débouché : le transport de marchandises du "dernier kilomètre", une fois que les poids lourds ont déchargé leurs palettes dans des zones de logistique spécialement aménagées aux abords de ces Zapa. À partir d'un même plateau commun, ses concepteurs ont donc développé la gamme : fourgon, pick-up, citerne, fourgon frigorifique ou isotherme, benne basculante, et véhicule hybride, avec à terme, une production de "3 000 à 5 000 véhicules par an, en pleine charge", fabriqués à Lyon, souligne Pierre Millet.
Aujourd'hui, la mise en oeuvre des Zapa, prévue cet été, a pris du retard, la plupart des villes volontaires demandant des délais supplémentaires. Reste que Pierre Millet estime que, d'ici à 2015, le marché du petit utilitaire électrique et hybride sera de 40 000 à 50 000 unités par an, en Europe, contre aujourd'hui 20 000 à 25 000. "Notre ambition est d'avoir une dizaine de pour cent du marché européen", poursuit cet ancien de chez Thomson CSF, qui a ensuite racheté une entreprise de tôlerie, Technitol, dans l'Isère, avant de se lancer dans le "clean tech". "Les places sont à prendre maintenant, car il y a peu de concurrence sur le petit utilitaire électrique et hybride, analyse-t-il. Notre ambition est donc raisonnable." Pierre Millet envisage à court terme de lancer à Lyon des vélos et des scooters électriques, ces derniers étant en cours d'étude pour une mise en vente prévue au premier trimestre 2013.
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